Margaux Loire © 2019
PROGRAMME
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Gustav MAHLER - Symphonie n°7, mouvement n°3, transcription pour piano (1905)
- Dimitri CHOSTAKOVITCH - Romances op.121 (1965)
- Francis POULENC - Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée (1918)
- Francis POULENC - Chansons Gaillardes (1926)
- Claude DEBUSSY - “Ballade des femmes de Paris” L.119 (1910)
- Arnold SCHOENBERG - opus 2 (1899-1900)
- Georges APERGHIS - “Rire Physiologique” (1983)
durée: 50 min
Dimitri CHOSTAKOVITCH - Romances op.121 (1965)
sur des textes de la revue "Krokodil" (extraits)
traduction: Matvey Zheleznyakov
n°3 “Чистосердечное признание”, “Благоразумие”
Хотя хулиган Федулов избил меня,
я в органы нашей замечательной милиции не обратился,
решил ограничиться полученными побоями.
n°4 “Иринка и пастух”
Она глядит под кручу вниз на улёгшихся у воды коров, на забавно короткую, когда смотришь сверху, на фигурку пастуха.
Отсюда он похож на мальчишку. Иринке вдруг очень хочется потискать его в руках, долго подкидывать в чистое голубое небо.
Пастуху Иринка не видна. Коренастый, широкоплечий он сидит к ней спиной и лупит яйца.
А Иринка ужасно хочет его потискать.
n°5 “Чрезмерный восторг”
Первый хлеб! Кому, скажите, из вас не приходилось, есть ломоть хлеба нового урожая?
Как он чудесно пахнет солнцем, молодой соломой, а главное комбайнёрскими руками, пропитанные керосином.
n°3 “Aveux sincères” ou “Attitude raisonnable”
Bien que ce voyou de Fedoulov m’ait tabassé,
je n’ai pas déposé plainte auprès de notre merveilleuse milice,
ayant préféré me contenter des coups déjà reçus.
n°4 “Irinka et le Berger”
Elle regarde, en dessous de la pente raide, sur les vaches allongées près de l’eau, sur la drôlement petite, quand tu regardes de haut, figurine de Berger.
D’ici il a l’air d’un gamin. Tout à coup, Irinka est prise par une forte envie de le tripoter, de le balancer longuement dans le ciel clair et bleu.
Irinka n’est pas visible au Berger. Fort, avec de grandes épaules, il est assis de dos et casse des œufs.
Tandis que Irinka veut terriblement le tripoter.
n°5 “Ravissement de la terre noire” ou “Enthousiasme excessif”
Le premier pain! Dites, qui d’entre vous n’a jamais eu l’occasion de goûter un morceau de pain de la nouvelle moisson?
Qu’est-ce qu’il sent miraculeusement bon le soleil, la jeune paille, mais surtout les mains d’agriculteur pleines de kérosène.
Francis POULENC - Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée (1918)
texte: Guillaume Apollinaire
1. Le dromadaire
Avec ses quatre dromadaires
Don Pedro d'Alfaroubeira
Courut le monde et l'admira.
Il fit ce que je voudrais faire
Si j'avais quatre dromadaires.
2. La chèvre du Thibet
Les poils de cette chèvre et même
Ceux d'or pour qui prit tant de peine
Jason, ne valent rien au prix
Des cheveux dont je suis épris.
3. La sauterelle
Voici la fine sauterelle,
La nourriture de saint Jean.
Puissent mes vers être comme elle,
Le régal des meilleures gens.
4. Le dauphin
Dauphins, vous jouez dans la mer,
Mais le flot est toujours amer.
Parfois, ma joie éclate-t-elle?
La vie est encore cruelle.
5. L'écrevisse
Incertitude, ô mes délices
Vous et moi nous nous en allons
Comme s'en vont les écrevisses,
À reculons, à reculons.
6. La carpe
Dans vos viviers, dans vos étangs,
Carpes, que vous vivez longtemps !
Est-ce que la mort vous oublie,
Poissons de la mélancolie.
Francis POULENC - Chansons Gaillardes (1926)
texte: Guillaume Apollinaire
1. La maîtresse volage
Ma maîtresse est volage,
Mon rival est heureux;
S'il a son pucellage,
C'est qu'elle en avait deux.
Et vogue la galère,
Tant qu'elle pourra voguer.
2. Chanson à boire
Les rois d'Egypte et de Syrie,
Voulaient qu'on embaumât leurs corps,
Pour durer plus longtemps morts.
Quelle folie!
Buvons donc selon notre envie,
Il faut boire et reboire encore.
Buvons donc toute notre vie,
Embaumons-nous avant la mort.
Embaumons-nous;
Que ce baume est doux.
3. Madrigal
Vous êtes belle come un ange,
Douce comme un petit mouton;
Il n'est point de coeur, Jeanneton,
Qui sous votre loi ne se range.
Mais une fille sans têtons
Est une perdrix sans orange.
4. Invocation aux Parques
Je jure, tant que je vivrai,
De vous aimer, Sylvie.
Parques, qui dans vos mains tenez
Le fil de notre vie,
Allongez, tant que vous pourrez,
Le mien, je vous en prie.
5. Couplets bachiques
Je suis tant que dure le jour
Et grave et badin tour à tour.
Quand je vois un flacon sans vin,
Je suis grave, je suis grave,
Est-il tout plein, je suis badin.
Je suis tant que dure le jour
Et grave et badin tour à tour.
Quand ma femme [dort]1 au lit,
Je suis sage toute la nuit.
Si catin au lit me tient
Alors je suis badin
Ah! belle hôtesse, versez-moi du vin
Je suis badin, badin, badin.
6. L'offrande
Au dieu d'Amour une pucelle
Offrit un jour une chandelle,
Pour en obtenir un amant.
Le dieu sourit de sa demande
Et lui dit: Belle en attendant
Servez-vous toujours de l'offrande.
7. La belle jeunesse
Il fut s'aimer toujours
Et ne s'épouser guère.
Il faut faire l'amour
Sans curé ni notaire.
Cessez, messieurs, d'être épouseurs,
Ne visez qu'aux tirelires,
Ne visez qu'aux tourelours,
Cessez, messieurs, d'être épouseurs,
Ne visez qu'aux coeurs
Cessez, messieurs, d'être épouseurs,
Holà messieurs, ne visez plus qu'aux coeurs.
Pourquoi se marier,
Quand la femme des autres
Ne se font pas prier
Pour devenir les nôtres.
Quand leurs ardeurs,
Quand leurs faveurs,
Cherchent nos tirelires,
Cherchent nos tourelours,
Cherchent nos coeurs.
8. Sérénade
Avec une si belle main,
Que servent tant de charmes,
Que vous tenez du dieu malin,
Bien manier les armes.
Et quand cet Enfant est chagrin
Bien essuye
Claude DEBUSSY - “Ballade des femmes de Paris” L.119 (1910)
extrait des Trois ballades de François Villon
Quoy qu'on tient belles langagières
Florentines, Veniciennes
Assez pour estre messaigières
Et mesmement les anciennes;
Mais, soient Lombardes, Romaines
Genevoises, à mes perils
Piemontoises, Savoysiennes
Il n'est bon bec que de Paris
De beau parler tiennent chayeres
Ce dit-on Napolitaines
Et que sont bonnes cacquetières
Allemandes et Bruciennes;
Soient Grecques, Egyptiennes
De Hongrie ou d'aultre païs
Espaignolles ou Castellannes
Il n'est bon bec que de Paris
Brettes, Suysses, n'y sçavent guèrres
Ne Gasconnes et Tholouzaines;
Du Petit Pont deux harangères les concluront
Et les Lorraines
Anglesches ou Callaisiennes
(ay-je beaucoup de lieux compris?)
Picardes, de Valenciennes...
Il n'est bon bec que de Paris
Prince, aux dames parisiennes
De bien parler donnez le prix;
Quoy qu'on die d'Italiennes
Il n'est bon bec que de Paris
Arnold SCHOENBERG - opus.2 (1899-1900)
n°1 - Erwartung
Aus dem meergrünen Teiche
Neben der roten Villa
Unter der toten Eiche
Scheint der Mond.
Wo ihr dunkles Abbild
Durch das Wasser greift,
Steht ein Mann und streift
Einen Ring von seiner Hand.
Drei Opale blinken;
Durch die bleichen Steine
Schwimmen rot und grüne
Funken und versinken.
Und er küßt sie, und
Seine Augen leuchten
Wie der meergrüne Grund:
Ein Fenster tut sich auf.
Aus der roten Villa
Neben der toten Eiche
Winkt ihm eine bleiche
Frauenhand.
***
Richard Fedor Leopold Dehmel
(1863 - 1920)
n°2 - Schenk mir deinen goldenen Kamm
Schenk mir deinen goldenen Kamm;
Jeder Morgen soll dich mahnen,
Daß du mir die Haare küßtest.
Schenk mir deinen seidenen Schwamm;
Jeden Abend will ich ahnen,
Wem du dich im Bade rüstest,
O Maria!
Schenk mir Alles, was du hast;
Meine Seele ist nicht eitel,
Stolz empfang ich deinen Segen.
Schenk mir deine schwerste Last:
Willst du nicht auf meinen Scheitel
Auch dein Herz, dein Herz noch legen,
Magdalena?
***
Richard Fedor Leopold Dehmel
(1863 - 1920)
n°4 - Waldsonne
In die braunen, rauschenden Nächte
Flittert ein Licht herein,
Grüngolden ein Schein.
Blumen blinken auf und Gräser
Und die singenden, springenden Waldwässerlein,
Und Erinnerungen.
Die längst verklungenen:
Golden erwachen sie wieder,
All deine fröhlichen Lieder.
Und ich sehe deine goldenen Haare glänzen,
Und ich sehe deine goldenen Augen glänzen
Aus den grünen, raunenden Nächten.
Und mir ist, ich läge neben dir auf dem Rasen
Und hörte dich wieder auf der glitzeblanken Syrinx
In die blauen Himmelslüfte blasen.
In die braunen, wühlenden Nächte
Flittert ein Licht,
Ein goldener Schein.
***
Johannes Schlaf (1862 - 1941)
n°1 - Attente
Sur l'étang vert (emeraude)
A côté de la villa rouge
Sous le chêne mort
Brille la lune.
Là où son image sombre
Affleure sur l'eau,
Il y a un homme qui effleure
Une bague de sa main.
Trois opales scintillent;
À travers les pierres pâles
Flottent de rouges et vertes
Étincelles avant de disparaître.
Et il les embrasse, et
Ses yeux brillent
Comme les profondeurs émeraudes:
Une fenêtre s'ouvre.
De la villa rouge,
À côté du chêne mort
Une pâle main de femme
Lui fait un signe.
***
Richard Fedor Leopold Dehmel
(1863 - 1920)
n°2 - Jésus mendie
Offre-moi ton peigne doré ;
Chaque matin te rappellera
Que tu dois m’embrasser les cheveux.
Offre-moi ton éponge de soie ;
Chaque soir je devinerai
Pour qui au bain tu te prépares,
Ô Marie !
Offre-moi tout ce que tu as ;
Mon âme est sans vanité,
Je reçois avec fierté ta bénédiction.
Offre-moi ton fardeau le plus lourd :
Ne veux-tu point sur ma chevelure (ma tête)
Poser aussi ton cœur, ton cœur,
Madeleine ?
***
Richard Fedor Leopold Dehmel
(1863 - 1920)
n°4 - Soleil dans la forêt
Dans la nuit brune et bruissante
Une lumière scintille,
Un éclat vert doré.
Les fleurs brillent et l'herbe
Et les petits ruisseaux qui chantent et jaillissent,
Et les souvenirs.
Ce qui s'était évanoui il y a longtemps,
Doré, se réveille à nouveau,
Tous tes chants joyeux.
Et je vois ta chevelure dorée briller,
Et je vois tes yeux dorés briller,
À travers la nuit verte qui murmure.
Et c’est comme si j’étais allongé à côté de toi sur la pelouse,
Et je t'entends à nouveau jouer de la syrinx étincelante
Souffler dans l'air du ciel bleu.
Dans la nuit brune et bruissante,
Une lumière scintille,
Un éclat doré.
***
Johannes Schlaf (1862 - 1941)
Georges APERGHIS - “Rire Physiologique” (1983)
texte: Raymond Devos
Mon pianiste est irrésistible!
Vous avez remarqué qu'il ne riait jamais!...
Il ne peut pas!
C'est physiologique...
Vous savez que, physiologiquement, le rire résulte de la contraction des muscles du visage, ce qui provoque une modification du faciès, accompagnée de sons très caractéristiques tels que:
Ha! Ha! Ha! Ha!
Ou encore:
Hi! Hi! Hi! Hi!
C'est irrésistible!
Le rire est caractérisé en outre par une respiration saccadée...
Cette respiration s'explique par une convulsion des muscles expirateurs...
Hi! Hi! Hi! Hi! Hi!
Une inspiration brutale vient de temps à autre interrompre ces convulsions...
Heursshh!
Si l'expiration nécessaire ne peut se faire à temps, le rire devient douloureux!
Ha! Ha! Ha! Ha! Ha!
Le visage se congestionne,
le rieur est sur le point de s'asphyxier,
c'est irrésistible!
D'où les expressions:
"Crever de rire."
Ou:
"Étouffer de rire."
D'où aussi:
"Les plus courtes sont les meilleures."
Car si la plaisanterie dure un peu trop longtemps,
que se passe-t-il?
Les muscles abdominaux se contractent de façon spasmodique:
Hi! Hi! Hi! Hi! Hi!
- Arrêtez, vous me faites mal au ventre!
D'où, parfois... Ha!... mixtion involontaire,
c'est-à-dire que le rieur fait pipi dans sa culotte...
C'est le cas de mon pianiste... C'est pourquoi il ne rit pas.
Il se retient!
(Au pianiste)
N'est-ce pas?
Dites? Laissez-vous aller un peu à rire
pour illustrer ma démonstration!
Pianiste (se laissant aller): Ha! Ha! Ha! Ha! Ha!
(Le pianiste change d'expression, se lève et sort.)
Vous voyez?... Ça fait partie de ces choses qui vous échappent!
Ce texte est extrait de Sens dessus dessous
(Le Livre de Poche, 1976, ISBN 2-253-01958-5)